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Le 28e Congrès Eucharistique diocésain dont la clôture eut lieu le dimanche 24 juillet 1927 dans la ville et le doyenné de Wintzenheim fut l'occasion d'une manifestation comme notre ville a rarement eu l'occasion d'en organiser ; elle mérite d'être rangée à côté des plus belles fêtes eucharistiques de l'Alsace.

Cette fête en l'honneur du Christ-Roi avait été préparée depuis le mercredi précédent dans toutes les églises du canton, où les prêtres des différents ordres religieux avaient présidé des Triduum (espaces de trois jours) et préparé la Communion générale du dimanche.

A Wintzenheim même, le Père Rédemptoriste Haenlé avait préparé la population à la fête et, à la Communion solennelle du dimanche matin, avaient pris part en masse hommes, femmes et enfants de la paroisse.

Pour accueillir les 4 à 5000 fidèles venus des quatre coins du canton, et permettre un bon déroulement de la procession, la circulation automobile de l'axe Colmar-Munster avait été déviée par Turckheim, à partir des carrefours de la halte de Wettolsheim et du Saint-Gilles, près de l'hôtel Pflixbourg.

Trois trains supplémentaires ont circulé entre Colmar et Wintzenheim, partant de Colmar à 12h15, 13h10 et 14h10.

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La matinée

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La Messe solennelle fut célébrée par M. le chanoine Wursthorn de Colmar. Le vicaire général, Mgr Kretz, prononça le sermon de circonstance. La chorale de l'église chanta une messe à plusieurs voix, et la section de musique "Union" donna un nouvel éclat à la cérémonie par de magnifiques morceaux exécutés sous la direction de M. Laurent Kieffer. La population et les différentes associations dirigées par le Comité des Fêtes, qui avait à sa tête M. le maire René Birgy, avait fait d'excellente besogne. La cité était revêtue de ses atours de fête. Il n'était pas de maison où l'on ne pût admirer des drapeaux, des guirlandes, parfois des tableaux et des statuettes. Les maisons étaient reliées entre elles par des cordons auxquels étaient suspendues des décorations en papier, des guirlandes, etc... De nombreux arcs de triomphe avaient été érigés aux différentes entrées de la ville et à proximité de l'église. Malheureusement, un coup de vent en avait renversé plusieurs dans la journée de samedi. Il en était de même du magnifique autel couvert d'un baldaquin sur la grande place, près de l'arrêt du tramway. Cet autel avait été orné de fleurs provenant de la maison Stintzy de Colmar, et présentait un tableau du plus bel effet. La maison Kiener de Walbach avait également offert des bouquets de fleurs et des arbustes décoratifs qui furent employés au mieux.

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Le discours de M. le député Pfléger

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A 2 heures de l'après-midi, les cloches retentirent au loin, appelant de tous côtés les fidèles des différentes localités qui venaient en procession à Wintzenheim, où ils furent reçus par le Comité des Fêtes et plus spécialement par M. Jérôme Luckert, qui les aiguilla vers la place de l'église. Les hommes se rassemblèrent sous le perron de la mairie, et les femmes à l'église. Monseigneur Ruch présida la solennité. Il prêcha dans la salle de la mairie et le Révérant Père Haenlé, rédemptoriste, à l'église. Les deux édifices étaient bondés de monde.

Puis, sur le balcon de la maison communale, Monseigneur Ruch salua les nombreux fidèles, remercia la commune de Wintzenheim et les organisateurs de la fête ainsi que toute la population qui s'était largement dépensée pour donner à la fête toute sa splendeur. Il céda ensuite la parole à M. le député Joseph Pfléger, qui énuméra, en un discours qualifié dans la presse du lendemain de "riche de fond et brillant de forme", les bienfaits sociaux de la dévotion à l'Eucharistie. Il développa le sens des processions, qui doivent montrer à tous nos compatriotes, de quelque opinion qu'ils soient, que les catholiques ne sont nullement exclusivistes ni agressifs. Mais ils sont des millions ayant la même croyance, qui ne craignent pas de manifester leur foi à la face de toute la terre. 

(photo Georges Braun Mulhouse-Dornach, collection Gaby Jeckert, voir aussi album SHW photo n° 187)

M. Pfléger fait le tableau de la situation présente où l'égoïsme, le désir du gain et du plaisir détruisent tout idéal et arrachent la religion du cœur de l'homme. Les grands maux de la société actuelle pourront seulement être guéris par la religion catholique, qui possède le vrai remède, le levain de la doctrine chrétienne et de l'amour du Christ. Le peuple peut être sauvé et doit être sauvé par les forces vives du christianisme, dans lequel se trouve le dernier espoir de salut. N'était notre religion, il faudrait désespérer du monde, mais tant qu'elle subsistera, et nous en avons l'assurance même du Maître, nous devons espérer en des jours meilleurs.

(photo Seckler-Boetsch Soultz, collection Thierry Struss et Gaby Jeckert)

Ce congrès fut une fête pour toute la commune. La municipalité y avait invité de nombreuses personnalités.
Sur le perron de l'hôtel de ville, pendant le discours du député Pfléger, on peut reconnaître, entre autres :

01) HAEFFELE Auguste 02) ? 03) SIG Louis, curé de Wettolsheim 04) ? 05) HINCKY Jules (abbé), directeur général des Oeuvres diocésaines 06) ? 07) ? 08) MEYER Aloyse, conseiller général 09) TANNACHER Émile

10) LITSCHGY, secrétaire de mairie, Wintzenheim 11) ? 12) ZEHLER Émile 13) BOUILLON Eugène 14) Député Dr Joseph PFLEGER (1873-1957), Turckheim* 15) REY François Joseph, curé de Wintzenheim 16) JENNY Joseph, membre du Conseil de Fabrique 17) HUG Joseph 18) Mgr RUCH, évêque de Strasbourg

Au premier plan, les musiciens de la clique du Cercle catholique "Constantia" (Bengala)

* Le Dr Joseph PFLEGER, décédé à Turckheim le 27 mars 1957, fut député de 1919 à 1929, puis sénateur de 1929 à  1936

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La procession

O salutaris Hostia Quae coeli pandis ostium (photo Seckler-Boetsch Soultz, collection F. Gavillot)

O réconfortante Hostie qui nous ouvre les portes du ciel (photo Seckler-Boetsch Soultz, collection Guy Frank)

La procession passe sous la banderole : Laudetur in aeternum Sanctissimum Sacramentum Loué soit dans l'éternité le Très Saint-Sacrement (photo Seckler-Boetsch Soultz, collection F. Gavillot)

Les fillettes, toutes de blanc vêtues, des couronnes de fleurs dans les cheveux, marchent sagement en procession, sous la surveillance des sœurs enseignantes (on reconnaît Sœur Jeanne-Marie à l'arrière, Sœur Sylvia à l'avant) (photo Seckler-Boetsch Soultz, collection Guy Frank)

(photo Georges Braun Mulhouse-Dornach, collection Guy Frank)

(au presbytère, collection Guy Frank)

A 3 heures, ce fut le départ pour la procession, longue de plusieurs kilomètres, par la rue du Logelbach, rue du Lieutenant Capelle, rue Castelnau, Rehlandsweg (rue du Maréchal Joffre), rue Jeanne d'Arc, arrêt au Cercle catholique, puis rue Principale jusqu'à la place des Fêtes. Elle comprenait plusieurs milliers de fidèles rangés quatre par quatre, les différentes sociétés de chant, de musique, les associations se suivant dans une harmonieuse variété. On y remarquait les sociétés de musique de Wintzenheim, Turckheim, Walbach, Husseren, la fanfare de Herrlisheim, Logelbach, Obermorschwihr, Eguisheim, les sapeurs-pompiers et gymnastes de Wintzenheim. La procession se déroula autour de la ville qui fut comme encerclée par cette interminable succession de sociétés. Monseigneur Ruch portait le Très Saint-Sacrement. Suivaient immédiatement derrière le dais M. le député Pfléger, les conseillers généraux l'abbé Dr Xavier Haegy de Hirsingue (directeur de l'Elsässer Kurier à Colmar) et M. Aloyse Meyer de Wintzenheim, M. Weydmann président de la Ligue des Catholiques, M. le maire René Birgy et ses adjoints, tous les maires du canton, revêtus de leur écharpe.

Devant l'autel dressé place des Fêtes, on reconnaît, de dos, Mgr Ruch, agenouillé au centre, et le curé Rey, à droite (photo Georges Braun Mulhouse-Dornach, collection Edmond Schillinger)

Dans les jardins du Cercle catholique avait été dressé un autel dont le fond poétique était formé par les Vosges. La masse du peuple des fidèles avait pris place dans le jardin. Les différents chœurs chantèrent à l'unisson pour cette première bénédiction. Un magnifique tapis de sciure en couleur, exécuté avec art par M. Auguste Andrès et M. Hirlemann, et représentant au centre un ostensoir, attira l'attention générale. Dans la rue Principale, à la porte de la maison d'École, les sœurs enseignantes avaient érigé un grand tableau représentant le Calice avec la Sainte Hostie et deux anges adorateurs. Au pied du tableau se dressait un bel autel. 

La cérémonie principale eut lieu sur la place des fêtes, où les chœurs, à nouveau réunis, chantèrent un hymne au Sacré-Coeur. Après la deuxième bénédiction, le Te Deum, chanté par toute la foule et accompagné par les différentes musiques réunies, termina la belle manifestation. Le Saint-Sacrement porté par Mgr Ruch accompagné par les fidèles et les sociétés de la paroisse de Wintzenheim, fut ensuite reporté à l'église où fut donnée la dernière bénédiction qui se termina par le cantique : "Nous voulons Dieu !".

Le vin d'honneur

Un vin d'honneur, où furent prononcées quelques paroles de remerciements et d'encouragement à l'union de tous les catholiques d'Alsace, par M. Birgy, Monseigneur l'Évêque et par M. le député Pfléger, réunit les diverses hautes personnalités dans une des salles de la mairie.

Cette belle fête religieuse, qui se déroula dans le plus bel ordre et avec le concours d'une véritable masse de fidèles, dans un cadre des plus brillants, laissa le plus agréable souvenir dans l'esprit de tous ceux qui eurent le bonheur d'y assister..

Sources :

- Le Courrier de Strasbourg du mercredi 20, du samedi 23 et du mardi 26 juillet 1927
- Le Nouvelliste d'Alsace du mercredi 20, du samedi 23, du dimanche 24 et du mardi 26 juillet 1927
- Elsässer Kurier - Le Courrier d'Alsace du vendredi 22 et du lundi 25 juillet 1927
- Colmarer Neueste Nachrichten - Les Dernières Nouvelles de Colmar du lundi 25 juillet 1927
- La Voix d'Alsace n° 30 du samedi 28 juillet 1927
- Chronique de l'École de Filles de Wintzenheim de 1913 à 2002